le tilleul

Atteint par le pire des virus, le désespoir, je sors de mes murs pour chercher l’annonce du printemps dans le parc devant chez moi. On ne sait jamais.

Quelques fleurs jaunes dans les talus, dont je ne connais pas le nom. Deux ou trois pâquerettes, en avance ou en retard. Des enfants qui chantent, un peu plus haut.

Et dans le ciel tout bleu, un petit nuage blanc, que le vent épargne.

Plus bas, on a abattu deux très vieux marronniers que j’aimais bien. Très vieux vraiment, avec de pauvres fleurs depuis quelques années et deux ou trois marrons obéissants.

Quelques ouvriers communaux, vêtus d’orange, nettoient les abords des souches. Et un monsieur souriant, leur chef apparemment.

Je lui dis ma tristesse à cause de ces arbres abattus.

– Mais non, monsieur, regardez.

Et il désigne un tout jeune arbre, entre les souches, soutenu par un tuteur docile.

– C’est un tilleul. Il sera trop jeune pour ce printemps, mais attendez. Bientôt, ici, on respirera l’odeur douce de ses fleurs.

Bientôt…

Je descends vers la maison,. J’ai envie de siffloter. Je me retourne. L’homme sourit toujours. Comme un magicien.

Il faut savoir attendre les printemps. Garder l’espoir d’une odeur de tilleul.

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académisseries

Un de mes bons anciens élèves tique parce que je lui écris que je vais en vélo, prenant à l’appui de sa remarque que son professeur lui avait appris qu’il faut aller à vélo. Un ancien prof ? Pas moi en tout cas, qui ne me suis jamais soucié des avis de l’Académie. Cette vénérable dernière dit à l’appui de sa thèse qu’on n’est pas dans le vélo comme on est dans une voiture. Et qu’il faut donc rouler à vélo. Malins que vous êtes, va ! Méfiez-vous de ne pas vous retrouver fesses dans la neige parce que vous avez descendu à luge une pente enneigée.

Ce que j’enseignais à mes élèves ? Que si le Bébert s’est cassé la gueule à vélo (ou plutôt à bicyclette), moi, j’adore faire des balades en vélo.

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collaboration

Je surprends toujours mes lecteurs quand je leur dis que je déteste écrire. C’est pourtant vrai : j’ai horreur d’être assis devant mon ordinateur, seul, pas sûr que je fais du bon travail, impatient de voir l’oeuvre terminée et prêt à l’abandonner au moindre découragement. Mais j’aime avoir écrit un livre, le voir publié, rencontrer des lecteurs. Pas simple, on le devine, ma situation.

Début juillet 2020, je me suis lancé dans l’écriture d’un court roman pour adolescents. J’étais plein d’enthousiasme mais je devinais bien ce qui allait se passer : après quelques jours, j’allais freiner, bâiller, laisser tomber. Eh bien non. Dès le début, j’ai eu la chance d’avoir un formidable assistant, un garçon de douze ans qui, tout de suite, m’a prodigué des remarques, des suggestions,des encouragements. Régulièrement, il m’écrivait qu’il attendait la suite, conseillait l’un ou l’autre changement, était vraiment le lecteur que j’attendais.

Fin juillet, le roman était terminé. Et, ma foi, j’en suis content. Il me semble avoir fait du bon travail. Il reste à espérer qu’un éditeur pensera comme moi !

Ce roman n’aurait jamais été écrit sans l’aide quasi quotidienne, sans l’enthousiasme de mon jeune lecteur. Le titre du roman, je le dirai plus tard, quand j’aurai eu un signe de l’éditeur. Mais le nom de mon lecteur, je veux l’écrire tout de suite. Et ce sera un bien petit merci à côté de ce qu’il a fait.

Il s’appelle Lenni Coppola. Retenez bien ce nom, on en reparlera !

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L’arche

Quarante jours et quarante nuits, c’est long, pensait Noé.

Bien sûr, il n’avait pas eu une minute à lui. Des brebis à traire. Des écureuils qui voulaient des histoires. Le chat à qui donner des souris en chocolat. Et les mouettes qui perdaient le nord.

Non, pas une minute à rêver des plages.

Pourtant, très à bâbord, le Poète continuait à noircir des pages et des pages.

– Vous écrivez quoi ? demanda Noé.

– Des choses. Pour après. Des mots à dessiner dans le sable quand la terre sera de nouveau à nous.

– Et vous croyez que c’est utile ? demanda Noé.

– Je ne sais pas. Peut-être. Je crois.

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sagesse

Je trouve au mur chez ma sœur Annette ce poème que je lui avais envoyé pour son anniversaire, en mai 2011. Je n’en changerais pas un mot.

saluer le soleil et sourire aux nuages

écouter les oiseaux raconter leurs messages

puis marcher vers le jour avec des pas légers

emportant dans son coeur un rêve à partager

aimer l’hiver brumeux et la neige gentille

attendre le printemps pour cueillir les jonquilles

rire en voyant l’été quand les vergers chantonnent

puis saluer le vent et trouver bon l’automne

ne pas chercher devant ne pas fouiller derrière

mais courir le présent en fugues buisonnières

n’être que ce qu’on est mais l’être follement

pour faire de soi-même un précieux confident

se regarder rêver pour savoir qu’on existe

et que le temps n’est rien qu’un pauvre illusionniste

savoir qu’on est beaucoup mais que la vie est peu

et que l’on fait toujours de soi ce que l’on veut

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