Atteint par le pire des virus, le désespoir, je sors de mes murs pour chercher l’annonce du printemps dans le parc devant chez moi. On ne sait jamais.
Quelques fleurs jaunes dans les talus, dont je ne connais pas le nom. Deux ou trois pâquerettes, en avance ou en retard. Des enfants qui chantent, un peu plus haut.
Et dans le ciel tout bleu, un petit nuage blanc, que le vent épargne.
Plus bas, on a abattu deux très vieux marronniers que j’aimais bien. Très vieux vraiment, avec de pauvres fleurs depuis quelques années et deux ou trois marrons obéissants.
Quelques ouvriers communaux, vêtus d’orange, nettoient les abords des souches. Et un monsieur souriant, leur chef apparemment.
Je lui dis ma tristesse à cause de ces arbres abattus.
– Mais non, monsieur, regardez.
Et il désigne un tout jeune arbre, entre les souches, soutenu par un tuteur docile.
– C’est un tilleul. Il sera trop jeune pour ce printemps, mais attendez. Bientôt, ici, on respirera l’odeur douce de ses fleurs.
Bientôt…
Je descends vers la maison,. J’ai envie de siffloter. Je me retourne. L’homme sourit toujours. Comme un magicien.
Il faut savoir attendre les printemps. Garder l’espoir d’une odeur de tilleul.