Le bourreau ce matin-là était retenu par une toux tenace. Je savais mieux que quiconque qu’était pourtant venue l’heure douce de mon exécution. Je suppliai qu’on trouve in extremis un remplaçant. Hélas, me dit-on, le remplaçant est en congé. J’insistai : Il faut m’exécuter ! S’il vous plaît !
Le juge commis d’office fut très aimable : « Écoutez, cher poète, exécutez-vous vous-même, nous gagnerons du temps et de l’argent. »
Il avait raison. Je m’exécutai donc.
Cette décision tout de suite me fit mal. Et puis cette hésitation entre la corde et la serpe me blessait cruellement l’amour-propre. Je le dis. Ma voix cependant fredonnait l’au revoir à la terre.
Mais j’avais mal. Alors, le juge (un homme bon et débonnaire) me dit à l’oreille : « Qu’importent vos souffrances puisque vous chantez. »
Toujours le même refrain, me dis-je in petto. Toute ma vie.
samedi, 2-04-2011 à 5:09
Du meilleur cru! Bravo bravissimo, Claudio caro!
lundi, 4-04-2011 à 5:01
Et bien, dansez maintenant! 😉
N’est-ce pas la meilleure réponse à ce sujet?
J’aime beaucoup ce texte.